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Episode 2 : Désirs et cruauté, du Puccini
14 mai
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16 mai
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18 mai
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Quatre questions à Emmanuel Bigand, scientifique associé

Quatre questions à Emmanuel Bigand, scientifique associé

Emmanuel Bigand © Honest Production

Cette saison, nous avons convié Emmanuel Bigand, enseignant-chercheur en psychologie cognitive à l’Université de Bourgogne et membre de l’Institut universitaire de France à mener un travail de réflexion sur ces thématiques en tant que scientifique associé à l’orchestre. Son expertise reconnue internationalement étudiant les effets de la musique sur le cerveau aura pour objectif de montrer à quel point chaque action menée par l’orchestre participe au vivre-ensemble.

Dans le cadre de la semaine du cerveau en mars 2024 et en compagnie d’Emmanuel Bigand, l’orchestre sera présent le temps d’une résidence sur la thématique “Musique et Cerveau” au Théâtre d’Auxerre - scène conventionnée d'intérêt national pour proposer une conférence (voir Agenda / Conférence La Scène des idées) ainsi qu'un concert-expérience (voir Agenda / Nouveau monde). Emmanuel Bigand est également associé à plusieurs concerts de musique de chambre dans notre saison 23/24.

Quatre questions à Emmanuel Bigand 
« Être chercheur en neurosciences et musicien »

Entretien réalisé par Camille Prost

 

 

  •  Pourquoi s’associer à un orchestre ?

Le scientifique que je suis a un grand intérêt à accepter ! Je travaille, en neurosciences, sur les effets de la musique, j’ai donc envie d’interroger le public de l’ODB sur ses attentes, ses envies, ses expériences ainsi que les musiciens de l’orchestre. J’ai aussi envie de communiquer sur les résultats de ces travaux pour les partager aux principaux intéressés. Un orchestre est le lieu rêvé !

  •  Comment vos hypothèses vont s’articuler concrètement à la programmation de l’ODB ? 

Le concert c’est d’abord une rencontre. Le public veut une communication avec les musiciens et l’œuvre n’est souvent que le support à cette expérience. Les musiciens, eux, veulent préserver un patrimoine. Dans le monde de la musique classique, on leur apprend à considérer le concert comme un temps quasi sacré, magique, où on adore une œuvre-icône devant laquelle on se prosterne symboliquement. Ces deux horizons d’attente peuvent-ils s’accorder ? 
Si le concert est l’expérience que je décris, il nous invite à nous amuser, à en modifier les formats, à inventer de nouvelles interactions entre la scène et la salle. Nous voulons réfléchir à trouver des formes de concerts qui sortent des sentiers battus. 

  •  Selon vous, que se passe-t-il dans le cerveau d’un musicien de l’ODB durant un concert ? Se  passe-t-il la même chose quand on est percussionniste, corniste ou violoniste ? 

Travailler sur l’orchestre est compliqué parce que les techniques scientifiques ne sont pas manipulables à grande échelle. Nous travaillons surtout sur des musiciens seuls, ou des petits effectifs. Nous avons étudié, en revanche, sur le comportement du musicien d’orchestre. Son rôle est très particulier : suivre le chef et le groupe, simultanément. Pour le reste, on spécule et on déduit ; chaque instrumentiste effectue des tâches différentes qui impliquent un type d’attention spécifique. 

  •  La question escargot de Bourgogne, qui va droit au but mais sans tourner en rond : 
    Le plaisir musical est-il logé au même endroit de notre cerveau que le plaisir gustatif ? 

On a des belles études sur le sujet ! On sait que la musique stimule le système de récompenses de notre cerveau. Quand la musique plaît, les stimuli sont de même nature que ceux qui concernent la nourriture ou le plaisir sexuel, c’est-à-dire les choses qui sont cruciales pour la survie de l’espèce. Intéressant, non ? 
Nous avions fait un colloque sur les liens entre le goût et la musique il y a quelques temps à Dijon et avions même interprété des œuvres musicales qui intègrent la dégustation. La dimension temporelle de la musique est toutefois d’un tout autre ordre que celle d’un repas, même si un dîner aussi peut durer longtemps parfois !